14 septembre 2022

Les Facteurs ESG: Allons De L'avant

Par Andrew McLaughlin, vice-président des affaires juridiques et avocat général, Major Drilling Group International inc. et  Jo Mark Zurel, administrateur, Fortis inc., Major Drilling, et Highland Copper 

Le monde des facteurs ESG connaît une évolution à un rythme effréné. Nous sommes témoins d’une multiplication des fonds dédiés aux facteurs ESG et d’un élan croissant en matière de réglementation voulant que les divulgations de facteurs ESG aux marchés publics se fassent de manière obligatoire et non simplement volontaire. Parallèlement, nous assistons dans certains milieux à un retour de bâton contre les facteurs ESG. Ce débat a d’ailleurs fait la une du numéro paru le 23 juillet du magazine The Economist. Entretemps, les facteurs ESG continuent de s’ancrer dans les pratiques courantes et les évaluations de risques des entreprises. En effet, des progrès considérables ont été réalisés sur la scène internationale transformant les normes décousues en matière de présentation de l’information en un espace harmonisé.

Il est facile de perdre de vue l’essentiel et ce sur quoi les conseils d’administration devraient porter leur attention dans cette période agitée et en évolution rapide. Toutefois, compte tenu de la place au premier plan qu’occupent les événements météorologiques encore jamais vus auparavant et la crise climatique dans notre conscience collective, nous ferions mieux de déployer tous nos efforts à mettre nos engagements en pratique.  

De l’engagement à l’action 

À la veille et au lendemain de la COP26, nous avons pu observer une vague de promesses d’objectifs de carboneutralité (p. ex., d’ici 2040 ou 2050) lancées par des entreprises du monde entier. Ce n’est un secret pour personne : certaines de ces entreprises ont pris des engagements sans même élaborer un plan crédible sur la manière de les réaliser, pensant peut-être que cette responsabilité reviendrait à une équipe de direction future. Maintenant que la poussière retombe et que la réalité s’installe, on s’attend à ce que ces entreprises fassent un réel pas en avant pour que leurs engagements de réduction d’émissions et leurs objectifs de carboneutralité prennent une forme concrète et donnent des résultats. Les entreprises doivent désormais planifier cette nouvelle ligne de conduite à suivre, et leur conseil d’administration devrait se pencher sur les questions suivantes :  

  • Votre plan de réduction d’émission est-il ancré dans la réalité et se base-t-il sur la science? 
  •  Connaissez-vous bien le coefficient d’émission lié à votre exploitation? Quelles sont les possibilités présentant une grande valeur auxquelles vous pourriez vous attaquer en premier? Pouvez-vous déployer de vos gains d’efficacité ailleurs dans vos activités? 
  •  Les membres de votre conseil d’administration possèdent-ils les compétences de base nécessaires en matière de climat pour aborder efficacement ce sujet? 
  • Comment votre entreprise s’assure-t-elle d’obtenir un appui en faveur de ces efforts au sein de l’organisation? Avez-vous des indicateurs de rendement clés (IRC) liés au climat pour la rémunération? 
  • Les facteurs relatifs aux émissions sont-ils intégrés aux processus d’approvisionnement et aux budgets d’exploitation de votre entreprise? 
  • Votre intervention climatique est-elle dirigée de manière efficace? 

Chez Major Drilling, ces questions sont au cœur de nos préoccupations alors que nous cherchons à réaliser des progrès dans ce domaine. En tant que fournisseur de services de forage, nous faisons partie de l’industrie minière, un secteur à la fois complexe et confronté à de nombreux défis, mais qui compte également des entreprises canadiennes ayant l’ambition d’être des chefs de file à l’échelle mondiale en matière de climat. C’est aussi un secteur qui occupe une place centrale dans la transition énergétique zéro, qui, selon la Banque mondiale, impliquera une « importante augmentation de la demande pour les minéraux et les métaux, se traduisant par un investissement minier mondial d’environ 1,7 milliard de dollars. » [traduction libre]1 

Major Drilling rend publiquement compte de ses émissions de GES par l’entremise du CDP depuis 2018, son année de référence. Nous en sommes aujourd’hui à l’étape de réaliser des progrès concrets en matière de réduction d’émissions. Ce tournant décisif dans notre transition s’accompagne d’obstacles importants à venir :  

  • Acquisition : Major Drilling exploite 600 appareils de forage dans le cadre de projets miniers se déroulant aux quatre coins du monde. Nous ne fabriquons pas ces appareils; nous les achetons de fournisseurs. Nous pouvons donc exercer des pressions demandant des technologies à haut rendement énergétique durant le processus d’acquisition, mais nous n’avons pas de contrôle direct sur la fabrication de ces appareils. 
  • Qualité du combustible : Nous dépendons souvent du type de combustible que nos clients nous fournissent. Parfois, la qualité du combustible qu’on retrouve dans certaines régions du monde n’est simplement pas compatible aux récents moteurs à haut rendement énergétique. 
  • Exploitation en région éloignée : Nous exerçons souvent nos activités dans des régions éloignées, très loin du réseau électrique (et même à une distance considérable des mines en exploitation). Dans ces situations, nous n’avons pas l’option d’utiliser une source d’électricité plus propre.  

Nous y voyons néanmoins de belles possibilités :  

  • En raison de notre apport aux émissions de la portée 3 de nos clients miniers, une occasion unique s’offre à nous : collaborer de manière proactive à leurs efforts visant à déterminer et à réduire les émissions liées à leurs activités. Par exemple, dans l’un des projets auxquels nous participons, il y a un client qui exploite une mine alimentée au charbon et qui investit actuellement d’importantes sommes pour intégrer l’énergie solaire au mix énergétique de sa mine. Nos appareils électriques souterrains utiliseront cette énergie. 
  • Les technologies de réduction d’émissions créées par deux entreprises dont nous avons fait l’acquisition dans les dernières années sont actuellement mises à l’essai dans le but de les déployer parmi nos activités.   
  • En tant que chef de file du secteur en matière de services de forage spécialisés, nous bénéficions d’une position unique nous permettant de contribuer à la découverte des ressources requises pour la transition vers une énergie verte (p. ex., le cuivre, le lithium, le cobalt). 

Voir, entre autres, le leadership de l’Association minière du Canada dans ce domaine, dont la norme de son initiative « Vers le développement minier durable (VDMD) », « un programme de développement durable reconnu mondialement qui aide les sociétés minières à gérer les principaux risques environnementaux et sociaux. »

L’industrie minière du Canada a l’occasion de se présenter sur la scène internationale sous un rôle tourné vers l’avenir et soucieux des facteurs ESG2. Ce positionnement offre possiblement un avantage comparatif pour le Canada, pourvu que nous respections ces valeurs progressistes, tant par nos paroles que par nos actions, et ce, dans le pays et sur le terrain. Alors que nous avançons collectivement vers une économie à zéro émission nette, les organisations rencontreront toutes des difficultés et des possibilités qui leur seront propres; toutefois, nous partageons tous la même obligation à l’égard de la réduction d’émissions : aller de l’avant.  

Voir, entre autres, le leadership de l’Association minière du Canada dans ce domaine, dont la norme de son initiative « Vers le développement minier durable (VDMD) », « un programme de développement durable reconnu mondialement qui aide les sociétés minières à gérer les principaux risques environnementaux et sociaux. »

 

 

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