12 septembre 2023

Administrateur à l’affiche : Jo Mark Zurel

Jo Mark Zurel, IAS.A, Fellow CPA,
président du conseil, Fortis Inc.; administrateur, Major Drilling, Highland Copper, Technologies du développement durable Canada 

Administrateur à l’affiche est une fonctionnalité qui donne l’occasion à une administratrice ou à un administrateur de premier plan de discuter de perspectives et de développements importants pour les salles de conseil concernant la gouvernance climatique. Chapter Zero Canada s’est récemment entretenu avec Jo Mark Zurel sur la façon dont les conseils d’administration intègrent les récents événements météorologiques survenus au Canada à leur surveillance de l’évaluation des risques et à leur planification stratégique à long terme et dont ils se préparent à l’adoption au Canada des normes IFRS d’information sur les changements climatiques et la durabilité récemment publiées.

Au cours de la dernière année, nous avons été témoins de nombreux événements météorologiques qui ont eu une incidence sur les activités et les effectifs des organisations partout au Canada.  Comment les conseils d’administration s’assurent-ils que l’évolution de ces risques (et occasions) climatiques est intégrée pleinement à l’évaluation des risques, à la stratégie à long terme et aux processus décisionnels de leur entreprise?  Avez-vous des exemples à nous donner?

Le secteur de l’énergie se transforme, et chez Fortis, nous nous concentrons sur l’investissement de capitaux dans l’énergie propre, la résilience et la modernisation afin de pouvoir fournir aux clients plus d’énergie renouvelable de manière fiable et sûre, grâce à une infrastructure qui peut fonctionner dans des conditions météorologiques extrêmes. Les entreprises de services ont toujours intégré les régimes climatiques et les événements météorologiques à leurs plans d’immobilisations pour assurer la fiabilité du service à la clientèle, mais avec l’augmentation spectaculaire des événements météorologiques extrêmes, le conseil d’administration a effectué des recherches approfondies sur les répercussions et les activités d’atténuation, pour s’assurer que nous saisissons l’incidence sur notre entreprise. Par le passé, nous examinions ce qui avait été fait auparavant pour éclairer les décisions relatives au climat et aux conditions météorologiques. Maintenant, nous nous tournons vers l’avenir et les nouveaux modèles de climatologie pour nous assurer que nous disposons d’un système d’approvisionnement en énergie conçu pour résister aux effets des changements climatiques. Le conseil d’administration de Fortis participe activement à la mise en œuvre de ce changement.

Il estresponsable de la compréhension des risques importants liés à nos activités et des stratégies d’atténuation pour s’assurer que nous atteignons nos objectifs stratégiques. Les questions liées au climat sont discutées périodiquement dans le cadre des séances stratégiques du conseil. Le comité de gouvernance et de durabilité aide le conseil à superviser nos pratiques de gouvernance ainsi que nos engagements en matière de durabilité. En outre, des mesures liées au climat ont été intégrées à la rémunération des cadres.

Chez Major Drilling, tous les membres du conseil d’administration sont responsables des questions climatiques, y compris, entre autres, de la stratégie globale en matière de risques climatiques et d’émissions de GES et des considérations relatives aux cibles et aux objectifs possibles. Le comité de gouvernance et des candidatures de l’entreprise coordonne l’affectation des divers comités du conseil d’administration aux initiatives liées aux facteurs ESG et collabore avec la direction pour des questions plus générales relatives à la communication de l’information en lien avec les changements climatiques, y compris la détermination et l’application des cadres de déclaration de l’information en lien avec les changements climatiques connexes. Le comité de l’environnement, de la santé et de la sécurité est chargé de veiller à la formulation de recommandations au conseil d’administration concernant l’établissement de cibles d’émissions de GES et à la surveillance des progrès réalisés dans le cadre du plan d’action de décarbonisation de l’entreprise.

Compte tenu de la récente publication des normes IFRS d’information sur la durabilité S1 et S2 de l’ISSB, il sera essentiel pour les parties prenantes de fournir des rapports transparents et complets à l’avenir. Que doivent faire les conseils d’administration dès maintenant pour s’assurer que la direction dispose de tous les systèmes et processus nécessaires pour respecter les exigences réglementaires en matière de changements climatiques et de durabilité une fois qu’elles auront été adoptées au Canada?  Quelles questions les conseils doivent-ils poser?

La formation est essentielle. Les changements climatiques sont un domaine nouveau et en constante évolution. La formation des administrations est donc très importante pour s’assurer qu’ils possèdent les connaissances et les compétences nécessaires pour être efficaces. Les conseils doivent envisager l’information sur les changements climatiques et la durabilité de la même manière qu’ils envisagent les rapports financiers.  Cela comprend l’établissement de la structure de gouvernance. Si la surveillance est partagée entre les comités du conseil, assurez-vous que cela est bien compris et documenté. Deuxièmement, élaborez un plan, réalisez des progrès graduels et demandez des comptes à la direction.

Voici quelques suggestions pour les conseils qui se préparent à poser des questions à la direction :

  • Quels sont les processus de la direction pour évaluer et gérer les occasions et les risques liés aux changements climatiques? Le conseil exerce-t-il une surveillance adéquate de ces risques et occasions?
  • Quelle est l’approche de la direction pour déterminer l’importance relative? Il s’agit d’un élément essentiel des normes de l’ISSB, et les entreprises effectuent des évaluations pour déterminer l’importance relative des risques et des occasions liés aux changements climatiques.
  • Quels contrôles internes ont été mis en place à l’égard de l’information liée aux changements climatiques?Les entreprises devraient commencer à évaluer leurs systèmes et processus internes de collecte et de validation des renseignements et des données sur la durabilité. L’objectif est de rendre les normes vérifiables. Il est donc important que les systèmes et les contrôles de données soient adéquats.

 

Dans l’ensemble, la publication des normes d’information sur la durabilité est une bonne chose, car elle apporte de la cohérence à l’ensemble fastidieux de normes d’information et d’organismes de normalisation qui existent à ce jour. Il reste à voir la forme finale des normes qui seront adoptées au Canada. Cela dit, les conseils d’administration doivent veiller à ce que leur entreprise mette en place dès maintenant des systèmes plus vastes pour répondre aux exigences à venir.

Les parties prenantes sont particulièrement attentives aux connaissances et à l’expérience des membres des conseils d’administration en matière de durabilité, car les plans de transition sont intégrés aux stratégies à long terme.  Quels conseils donneriez-vous aux membres des conseils d’administration qui cherchent à s’assurer qu’ils disposent des aptitudes et des compétences requises alors que les questions liées au climat sont de plus en plus sous la loupe, complexes et gagnent en visibilité?

D’abord, ne paniquez pas. Comme le changement climatique est un phénomène assez récent, il peut être difficile d’attirer au conseil des membres qui possèdent une expérience directe dans ce domaine de compétences. Par conséquent, il est important que les membres actuels du conseil acquièrent ces compétences par l’éducation; de nombreux programmes de formation pour les conseils sont offerts.

Tant chez Fortis que chez Major Drilling, les membres du conseil sont interrogés sur les priorités en matière de formation des administrateurs, et la direction offre périodiquement des séances de formation de haute qualité données par des présentateurs internes et externes. La participation aux programmes de formation sur les changements climatiques offerts par l’IAS et d’autres organismes devrait être encouragée et appuyée dans le cadre des politiques de gouvernance de l’entreprise.

L’une des clés du succès a été la formation régulière des membres du conseil d’administration et des cadres supérieurs dispensée par des conseillers externes de confiance. Même si une partie de cette formation devrait viser à fournir une vue d’ensemble des tendances générales et des meilleures pratiques, elle doit également mettre fortement l’accent sur des conseils pratiques, ancrés dans les réalités opérationnelles propres de l’entreprise, qui visent à produire le plus grand effet et à se concentrer sur ce qui est le plus important pour atteindre l’objectif de l’entreprise.

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