8 novembre 2023

Administrateur à l’Affiche – Judy Cotte

Mme Judy Cotte
Administratrice, Gibson Energy, Powerschool Holdings Inc.; membre, Conseil consultatif ESG, EDC; directrice générale, responsable ESG, Onex Corporation

Administrateur à l’affiche est une fonctionnalité qui donne l’occasion à une administratrice ou à un administrateur de premier plan de discuter de perspectives et de développements importants pour les salles de conseil concernant la gouvernance climatique. Chapter Zero Canada s’est récemment entretenu avec Mme Judy Cotte sur les priorités des administrateurs en matière de questions climatiques à l’approche de 2024 et sur la manière dont les conseils d’administration peuvent communiquer plus efficacement leurs stratégies et leurs progrès en matière de changements climatiques aux actionnaires et aux autres parties prenantes.

Avec le recul, 2023 a été une année active en matière de développement durable, tant à l’échelle mondiale qu’au Canada.  Selon vous, quelles sont les priorités des conseils d’administration en matière de questions climatiques à l’approche de 2024?

Le niveau d’attention accordé aux questions relatives au climat, ainsi que la manière dont ces dernières seront classées par ordre de priorité, dépendra dans une large mesure du secteur dans lequel l’entreprise exerce ses activités. Concernant les entreprises situées dans (ou adjacentes à) des secteurs à fortes émissions, je pense que l’accent sera maintenu sur plusieurs domaines, notamment :

  • assurer la qualité des données sur les émissions et de l’information, y compris les catégories importantes du champ d’application 3, surtout à mesure que les normes ISSB progressent vers leur intégration dans les obligations de déclaration des sociétés ouvertes au Canada et dans d’autres territoires;
  • identifier et imputer les fonds propres à des possibilités rentables et réalisables pour réduire les émissions de GES dans toutes les activités de l’entreprise;
  • demeurer au courant des priorités émergentes des investisseurs mondiaux en matière de données et d’analyses relatives au climat, alors qu’elles continuent d’évoluer, indépendamment de toute exigence légale ou réglementaire.

De quelle façon pensez-vous que les conseils d’administration peuvent communiquer plus efficacement leurs stratégies et leurs progrès en matière de changements climatiques aux actionnaires et aux autres parties prenantes, afin de contribuer à favoriser une plus grande transparence et une plus grande confiance?

Les attentes en matière d’informations relatives au climat sont certainement croissantes, surtout pour les sociétés ouvertes des secteurs à fortes émissions.  La plupart des rapports volontaires sur le développement durable destinés aux entreprises de ces secteurs mettent déjà l’accent sur le climat, y compris des données complètes sur les émissions de GES et l’approche globale de l’entreprise en matière de réduction des émissions.  Cependant, il existe un désir croissant d’information plus détaillée de la manière dont les entreprises abordent les questions climatiques précises qui sont importantes pour leurs activités et de la manière dont elles intègrent ces questions dans leur stratégie globale d’entreprise.

Par exemple, les sociétés ouvertes qui se sont fixé un objectif de carboneutralité d’ici 2050 divulgueront souvent leur stratégie globale pour atteindre cet objectif, y compris des objectifs à moyen terme pour évaluer les progrès.  Au fil du temps, il sera important pour les entreprises de continuer à divulguer leurs progrès par rapport aux objectifs divulgués, mais également les défis qu’elles rencontrent.  Par exemple, toutes les initiatives de décarbonation ne représenteront pas l’utilisation la meilleure ou la plus efficace du capital et certaines peuvent dépendre d’une technologie qui n’a pas été mise à l’essai, qui n’est pas réalisable pour un site particulier ou qui n’est pas rentable.  Faire preuve de transparence quant à ces défis, tout en continuant à chercher des moyens de les relever, contribuera à faire en sorte que les attentes des parties prenantes sont éclairées et réalistes.

De plus, le cas échéant, il est important que les sociétés ouvertes divulguent leur approche des questions relatives aux changements climatiques qui vont au-delà des émissions de GES.  Par exemple, certaines entreprises peuvent faire face à de possibles perturbations de leurs activités ou de leurs chaînes d’approvisionnement en raison de risques physiques relatifs au climat ou pourraient voir leur modèle économique remis en question en raison des changements associés à la transition vers une économie à plus faibles émissions de carbone.  Les entreprises qui communiquent efficacement leurs stratégies pour identifier et gérer ces risques stratégiques et opérationnels plus larges sont plus susceptibles de continuer à gagner la confiance et le soutien de leurs actionnaires et de leurs parties prenantes au sens large.

 

Quelles stratégies ou quels conseils pouvez-vous suggérer pour garantir que les changements climatiques figurent systématiquement à l’ordre du jour d’un conseil d’administration et que les discussions demeurent proactives et tournées vers l’avenir plutôt que réactives?

Bon nombre de conseils d’administration, surtout ceux des secteurs à fortes émissions, désigneront un comité du conseil (souvent un comité de développement durable ou ESG) qui aura la responsabilité principale d’identifier de manière proactive les questions relatives aux changements climatiques qui pourraient avoir des conséquences importantes sur les activités de l’entreprise.  Cependant, pour garantir que ces questions figurent systématiquement à l’ordre du jour du conseil d’administration, il est important d’intégrer efficacement toutes les questions climatiques importantes dans les processus habituels de signalement et de surveillance du conseil d’administration.

Par exemple, les risques importants relatifs au climat devraient être intégrés dans les rapports habituels sur les risques fournis au comité de vérification (ou au comité ayant la responsabilité principale de la surveillance des risques), les possibles projets de décarbonation devraient être pris en compte dans le cadre de l’approbation annuelle du plan opérationnel et de l’imputation sur les fonds propres. Le processus et les plans de développement commercial ou stratégique doivent prendre en compte toutes les possibilités importantes relatives au climat pour l’entreprise.  L’intégration des questions climatiques importantes dans les comités du conseil d’administration et dans les points habituels de l’ordre du jour contribuera à garantir que le conseil applique une optique climatique à sa fonction de surveillance.  Il est important de noter que l’intégration des questions pertinentes et potentiellement importantes relatives au climat dans l’information fournie à chaque comité et à tout le conseil d’administration garantira également que les questions climatiques seront prises en compte dans leur contexte plutôt qu’individuellement, afin que chaque administrateur comprenne les conséquences que les questions relatives au climat peuvent avoir sur différents aspects des activités d’une entreprise.

 

 

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