7 mars 2023

Administrateur à l’affiche : Barbara Zvan

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BARBARA ZVAN
Présidente et cheffe de la direction, University Pension Plan

Le feu des projecteurs sur les directeurs est une rubrique régulière qui offre l'occasion à un directeur de premier plan de discuter des insights pratiques et des développements critiques sur la gouvernance climatique importants pour les salles de conseil. Chapter Zero Canada a récemment parlé avec Barbara Zvan, présidente-directrice générale du Régime de retraite de l'Université et directrice d'entreprise. Nous avons discuté des tendances et des développements récents en matière de gouvernance climatique, y compris des facteurs influençant le processus de prise de décision en matière d'investissement institutionnel, et des meilleures pratiques en matière de reporting sur la durabilité. 

Quelles sont quelques-unes des tendances et des évolutions climatiques récentes, tant au Canada qu'à l'échelle internationale, que les conseils d'administration doivent surveiller attentivement et inclure dans leurs discussions en salle de conseil ? 

L'une des tendances les plus significatives qui devrait figurer sur le radar de chaque conseil d'administration est l'engagement accru de la communauté des investisseurs à financer une transition bien gérée vers un climat stable et des émissions de gaz à effet de serre nettes nulles. Au cours des dernières années seulement, nous avons vu une propagation des engagements de neutralité carbone, avec plus de 1 600 entreprises fixant des objectifs de neutralité carbone - accompagnée de progrès importants dans les pratiques de calcul de l'empreinte carbone. Cela devient une attente et influencera la manière dont les investisseurs évaluent les opportunités et les risques, ainsi que les exigences imposées aux partenaires d'investissement externes et aux sociétés de portefeuille.  

Cependant, nous savons que ces progrès se produisent dans un contexte d'instabilité géopolitique et de volatilité des marchés - ce qui souligne l'importance d'une approche viable et réalisable. L'Alliance financière de Glasgow pour le Net Zéro (GFANZ), une coalition mondiale des principales institutions financières, a récemment publié des orientations sur les attentes en matière de plans de transition de l'économie réelle et de mesure de l'alignement des portefeuilles en tenant compte de la crédibilité des plans de transition.  

À mesure que davantage d'entreprises s'engagent à atteindre la neutralité carbone, il y a un niveau de scrutation correspondant autour de la mise en œuvre de ces engagements, en particulier en ce qui concerne la fixation d'objectifs, la planification de la transition et les activités d'engagement. Au Canada, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières ont récemment passé en revue les divulgations ESG dans le cadre de leur revue continue des divulgations, identifiant des préoccupations concernant le greenwashing et les informations ESG excessivement promotionnelles.  

Sur la scène mondiale, les Normes internationales d'information financière (IFRS) sont prêtes à publier de nouvelles normes pour les informations financières liées à la durabilité et les divulgations liées au climat d'ici mi-2023, relevant la barre par rapport au reporting actuel sur la durabilité. Ces nouvelles normes mondiales, qui établiront des lignes directrices pour la divulgation d'informations matérielles sur la durabilité par les entreprises cotées en bourse, établiront une base d'attentes, tout comme les normes comptables IFRS ont établi des attentes pour la comptabilité. 

Comment les facteurs liés au climat sont-ils de plus en plus intégrés dans le processus de prise de décision des investisseurs institutionnels et quelles implications cela pourrait-il avoir pour le rôle de surveillance du climat par un conseil d'administration ? 

Alors que les organisations peuvent être à des stades variables de leur parcours climatique, nous constatons une intégration plus profonde et plus large des facteurs climatiques dans l'analyse des investissements, y compris dans des classes d'actifs auparavant non considérées. Pour UPP, nous considérons les facteurs ESG matériels de la même manière que tout autre risque ou opportunité majeur, et cela se reflète dans nos convictions d'investissement fondamentales.  

Cette intégration globale coïncide avec l'augmentation des objectifs d'émission de portefeuille et des activités de gouvernance visant à obtenir un alignement plus fort et des progrès mesurables par rapport aux objectifs climatiques globaux des investisseurs.  

Compte tenu de la nature complexe et évolutive des considérations ESG, il est essentiel que les administrateurs comprennent parfaitement les répercussions réelles et potentielles des changements climatiques sur leurs organisations, non seulement du point de vue des risques et des occasions, mais aussi en ce qui a trait aux exigences en matière de surveillance et de production de rapports.  

Cela souligne l’importance d’initiatives de sensibilisation à la fois dédiées et fréquentes des conseils d’administration. De nombreuses organisations industrielles, dont l’Initiative canadienne de droit climatique, l’Association pour l’investissement responsable et l’Institut des administrateurs de sociétés, offrent ces services. Il s’agit d’un sujet auquel notre équipe d’investissement responsable accorde beaucoup d’importance, et le climat et d’autres sujets ESG sont des points récurrents à l’ordre du jour du conseil d’administration.

En raison de l’intérêt et de l’attention croissants du public, on a assisté à une augmentation des litiges liés au climat des actionnaires et des parties prenantes visant à tenir les entreprises et leurs administrateurs responsables des fausses déclarations sur le rendement climatique et de l’inaction en matière de lutte contre les changements climatiques. Des groupes d’activistes ont utilisé des approches uniques relativement aux lois en vigueur pour faire valoir que les administrateurs manquent à leurs obligations fiduciaires et devraient être tenus personnellement responsables. Cette tendance devrait se poursuivre à mesure que de nouvelles normes et de nouveaux cadres seront formalisés.  

D’un point de vue institutionnel, quels sont les avantages pour les organisations qui se dotent d’un cadre plus solide en matière de rapports, de divulgation et de communications sur les changements climatiques? 

Les avantages sont nombreux du point de vue de la résilience et de la valeur à long terme, mais l’un des plus importants est une vision plus précise de l’ampleur et de la portée du défi climatique dans le contexte de votre institution. Cette meilleure visibilité permet une planification stratégique pratique à long terme et aide l’organisation à contribuer à une société carboneutre et à y prospérer.  

Pour les entreprises, un élément essentiel de cette stratégie consiste à communiquer une image claire et fondée sur la science de la manière dont l’institution s’inscrit dans la transition climatique. Cela donne confiance aux investisseurs et encourage les flux de capitaux sur les marchés financiers nationaux et étrangers. L’alignement entre les entreprises et les investisseurs qu’entraîne l’amélioration de la divulgation et de la transparence permet de prendre de meilleures décisions tout en favorisant des relations plus durables et collaboratives. 

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