12 juillet 2023
Guide du Président du Conseil pour l’Intégrité dans les Initiatives Climatiques
Gagner et renforcer la confiance tout au long de la transition vers la durabilité
Par : Deloitte
La confiance et l’intégrité sont au cœur des interactions et des relations humaines, et les entreprises ne font pas exception. En tant que responsables de sociétés, les conseils d’administration jouent un rôle crucial dans l’instauration et le maintien d’un climat de confiance. Par conséquent, ils doivent se tenir au courant des exigences croissantes des parties prenantes.
En raison des pressions exercées par ces dernières, les entreprises devraient réagir de façon plus rapide, plus appliquée et plus authentique face au changement climatique et à la dégradation de la nature. Les défis environnementaux sont de plus en plus au centre de l’attention pour gagner la confiance des parties prenantes, dont les attentes évoluent rapidement en portée et en intensité. Les entreprises sont censées réfléchir à l’incidence qu’elles ont sur l’ensemble de la chaîne de valeurs, en allant au-delà des exigences sur les émissions pour inclure des considérations environnementales et d’équité. Les mesures à prendre doivent plus que jamais être rapides et ambitieuses.
Pour contribuer à instaurer et à maintenir une forte relation de confiance dans l’entreprise, les membres de conseils d’administration doivent comprendre le rôle qu’ils ont à jouer dans l’enracinement de l’intégrité au sein de quatre piliers importants de la confiance :
- L’humanité, qui conduit à montrer un intérêt et une curiosité sincère par rapport aux préoccupations émergentes des parties prenantes relatives au climat et à la nature.
- La transparence, avec un dialogue ouvert sur les défis, les incertitudes et les compromis exigés.
- La capacité, en veillant à ce que la direction et les employés montent en compétence pour comprendre et faire face aux risques que présentent les changements climatiques et environnementaux.
- La fiabilité, en tenant la direction responsable du respect des engagements pris vis-à-vis du climat et de la nature de manière constante et éprouvée.
Instaurer et maintenir une forte relation de confiance peut apporter une valeur importante à l’entreprise. Cette dernière est ainsi susceptible d’accroître la fidélité de ses clients, la productivité de ses employés et son acceptation par la collectivité, ainsi que de renforcer ses relations avec les investisseurs et les fournisseurs et sa résilience pendant les épreuves.
Cependant, étant donné que les enjeux sont aussi complexes qu’élevés, il peut être facile de perdre la confiance des parties prenantes. Les risques qui menacent couramment l’intégrité et la confiance dans un contexte de durabilité incluent :
- Les engagements et les déclarations inatteignables ou non justifiés.
- Les engagements et les déclarations qui n’ont pas de fondements scientifiques, dont la dépendance aux compensations des émissions de carbone.
- La grande vulnérabilité des investissements en faveur du climat et de l’environnement à la corruption et à la fraude en raison du caractère émergent de ces marchés.
- Un manque de considération des répercussions sociales et sur la communauté.
- Des communications qui induisent le public en erreur (souvent appelées écoblanchiment).
L’attention des parties prenantes s’accroissant, les entreprises s’exposent de plus en plus à des risques faisant suite à des litiges et à des normes changeantes en matière de rapports. Les modifications législatives peuvent parfois être un indicateur tardif : au moment où les entreprises mettent en place des rapports obligatoires sur le climat ou sur l’environnement, la confiance de la communauté peut s’être déjà érodée et, dans certains cas, conduire à des actions en justice. En ce qui concerne le climat, plus de 2 000 litiges ont été répertoriés dans le monde. Le nombre de cas doublant depuis 2015, cette croissance élevée devrait perdurer. Les attentes en matière de durabilité continuant d’évoluer, les entreprises doivent se tenir informées grâce à des évaluations de pairs et gérer au mieux avec des dirigeants présents pour minimiser les risques de litige.
Les normes concernant les rapports obligatoires sur la durabilité sont susceptibles d’amplifier encore davantage une exposition à des litiges. Elles peuvent également offrir une mesure de protection lorsqu’elles sont appliquées sérieusement et en toute bonne foi. Les entreprises proactives ont de même la possibilité de publier des rapports sur la durabilité de manière transparente pour obtenir un avantage concurrentiel. L’initiation de rapports obligatoires ne change en rien l’obligation fiduciaire à laquelle un administrateur ou une administratrice doit se conformer afin d’agir au mieux des intérêts de l’entreprise en prenant en compte les risques, mais aussi les chances, que représentent les enjeux climatiques. Cependant, les rapports visent à fournir un cadre dans le but d’aider les membres du conseil d’administration à identifier et à divulguer ces risques et ces chances. Tous les conseils d’administration, peu importe que l’organisation pour laquelle ils siègent doive se soumettre ou non à la publication de rapports obligatoires sur le climat et sur la durabilité, devraient avoir un regard sur la manière de rendre compte quantitativement des chances et des risques pertinents.
Il incombe au conseil d’administration de soutenir et d’améliorer aussi bien l’intégrité de l’organisation que la confiance dont cette dernière fait l’objet. Le conseil d’administration peut épauler la direction de l’entreprise en instillant une culture en harmonie avec la mission de cette dernière et en observant l’ensemble du système lorsque des réponses sont apportées à des risques en lien avec le climat et la nature. Cela implique de tenir compte des interdépendances qui existent entre les nombreux systèmes qui ont des éléments en commun tels que les industries et les chaînes d’approvisionnement. Cela peut comprendre une réflexion sur les relations avec les parties prenantes en mesurant et en évaluant la confiance de ces dernières. Pour contribuer à entretenir des niveaux élevés d’intégrité et de confiance en ce qui concerne des engagements pris et des affirmations énoncées, les entreprises peuvent :
- Construire des fondations solides en appliquant des directives basées sur des données scientifiques lorsqu’un plan d’action est développé et en faisant correspondre des messages internes et externes à des mesures efficaces.
- S’impliquer à tenir des engagements et à confirmer des affirmations en mettant en place des incitations pour la direction, en encourageant des vérifications minutieuses préalables et en assurant la responsabilité du leadership.
- Communiquer clairement des plans en prônant l’honnêteté, la franchise et la transparence lorsque l’entreprise formule des déclarations et des plans d’action de transition.
En tant que responsables de l’entreprise, les membres du conseil d’administration sont tenus de constamment surveiller les évolutions des attentes des parties prenantes. Cela s’accompagne d’une prise de conscience : les décisions prises aujourd’hui seront jugées à l’aune des opinions exprimées par la société de demain. Alors que le concept d’intégrité et de confiance dans les initiatives climatiques peut sembler abstrait et complexe, mettre en œuvre un processus rigoureux pour prendre en considération ces questions est susceptible de révéler des mesures concrètes à adopter.
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À propos de la série Guide du président du conseil
Nous sommes dans une décennie décisive pour accélérer la lutte contre les changements climatiques. Les choix effectués au cours de la prochaine décennie auront des incidences sur le monde pour les siècles à venir. Les membres du conseil d’administration ont des obligations d’intendance, lesquelles incluent de prendre des mesures pour contrer les changements climatiques et le déclin de la nature au sein de leurs organisations et au-delà. Cette série en cours, publiée par le Forum économique mondial en collaboration avec Deloitte et l’Initiative de gouvernance climatique, traite de la façon dont les conseils d’administration sont en mesure d’orienter la mutation de leurs entreprises pour prospérer au sein d’une économie positive pour la nature et visant la carboneutralité.
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