24 février 2025
Banques canadiennes : l’évolution relative à la divulgation des renseignements sur le climat
En janvier 2025, le secteur des finances canadien a connu un bouleversement majeur lorsque six des plus grandes banques du pays, BMO, la Banque Nationale, le Groupe Banque TD, la CIBC, la Banque Scotia et la RBC, ont annoncé leur retrait de l’alliance bancaire Net Zéro (NZBA), une coalition mondiale d’institutions financières qui se sont engagées à atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Ce départ revêt une importance toute particulière, car ces banques gèrent collectivement plus de 80 % des actifs bancaires du Canada, ce qui fait de leur retrait un signe notable de l’évolution des priorités dans le secteur. Cette décision reflète une tendance plus large en Amérique du Nord, de grandes banques américaines telles que J.P. Morgan, Citigroup et la Bank of America s’étant également retirées de la NZBA.
Malgré la situation, les banques canadiennes sont toujours tenues de se conformer aux normes internationales régissant la divulgation des renseignements sur le climat. Le gouvernement canadien et les organismes de réglementation financiers, tels que le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF), encouragent ou exigent de plus en plus que les institutions financières rendent compte des risques liés au climat. Le respect des cadres tels que celui du Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (GTIFCC) aide les banques à se conformer aux réglementations les plus récentes, et le Conseil des normes comptables (CNC), qui se concentre sur les mesures ESG propres au secteur. De nombreuses banques s’appuient également sur le Carbon Disclosure Project (CDP) pour le suivi du rendement environnemental, tandis que les Normes internationales d’information financière (IFRS) soutiennent la divulgation de renseignements sur le climat. En outre, des conseillers en vote comme Institutional Shareholder Services inc. (ISS) et Glass, Lewis & Co. (GL) ont établi des lignes directrices en matière de rapports sur le climat pour les sociétés ouvertes, renforçant ainsi la responsabilité des acteurs dans le secteur financier. Même si le vote par procuration n’englobe pas la totalité de l’engagement climatique d’une banque, il constitue un outil essentiel pour obliger les institutions à rendre compte de leurs engagements.
Malgré le changement dénoté par leur retrait de la NZBA, les banques ont souligné que leurs initiatives de financement durable et leurs objectifs climatiques demeureraient inchangés. Au Canada, on attend de plus en plus du secteur bancaire qu’il divulgue des renseignements sur la manière dont il aborde les changements climatiques, notamment sur son exposition aux industries à forte intensité carbonique, sur ses efforts pour financer la transition vers une économie sobre en carbone et sur ses stratégies globales de gestion des risques climatiques. Plusieurs banques ont indiqué que leurs stratégies climatiques avaient évolué au cours des dernières années, ce qui leur permet de se conformer aux normes internationales et aux exigences réglementaires tout en aidant leur clientèle à passer à un avenir carboneutre.
Ce départ a suscité un débat important sur la gouvernance de sociétés, en particulier dans le contexte du cadre juridique canadien. La Loi sur les banques du Canada stipule que les administrateurs des institutions financières doivent agir au mieux des intérêts de leurs institutions, de leurs actionnaires et des parties prenantes. Les risques liés au climat étant de plus en plus considérés comme importants sur le plan financier, les administrateurs prennent en compte les conséquences à long terme de ces risques sur la stabilité financière et la rentabilité.
Les banques jouent un rôle central dans la transition énergétique grâce à leurs décisions en matière d’imputation sur les fonds propres. En tant qu’acteurs clés du système financier, elles fournissent des services essentiels aux Canadiens, notamment des comptes chèques et d’épargne, des prêts, des produits d’investissement et un soutien aux petites entreprises et aux grandes sociétés. Les investisseurs réclament eux aussi davantage de mesures pour faire face aux risques liés au climat. Les arguments en faveur de la prise en compte de ces risques sont clairs : les banques qui n’intègrent pas les changements climatiques dans leur gouvernance et leur stratégie risquent de voir leur réputation entachée à long terme et de subir des pertes financières.
Au Canada, les investisseurs institutionnels exercent également une influence croissante sur l’avenir des divulgations ESG. Un article paru le 18 février dans The Globe and Mail révèle que les investisseurs institutionnels canadiens ont considérablement augmenté leur soutien aux propositions d’actionnaires liées au climat en 2024, plus de 65 % d’entre eux soutenant les résolutions sur les changements climatiques, contre un peu plus de 50 % en 2023. Cet engagement croissant est le signe d’une forte volonté de la communauté des investisseurs de promouvoir la responsabilité climatique, y compris au sein du secteur bancaire.
Dans un contexte où l’engagement des investisseurs institutionnels s’intensifie, que les risques climatiques augmentent et que les cadres réglementaires évoluent, les banques canadiennes se trouvent à un moment charnière. La publication de renseignements sur le climat leur permet de démontrer leur engagement à se conformer aux objectifs climatiques nationaux, tels que la réduction des émissions de gaz à effet de serre et le respect des engagements internationaux en matière de climat. En conciliant rentabilité et viabilité à long terme, les banques façonnent leur avenir dans un environnement financier de plus en plus complexe. Leurs mesures pour lutter contre les changements climatiques influencent non seulement leur rendement financier, mais aussi leur rôle dans la promotion d’un système financier mondial durable.